mardi 26 janvier 2010

LEGENDE DU MONT ROTUI

Devant nous se dresse le Mont Mou’a puta qui est dans l’alignement du Mont Rotui. Et j’écoute ce qu’ils me racontent….

« Une nuit, HIRO (le tricheur) et sa bande de voleurs, venant de Rai’atea, arrivèrent à Mo’orea pour voler le M
ont Rotui.

« Ils attachèrent de longues lianes au sommet de la montagne et commencèrent à tirer. Ils réussirent à détacher cette portion de l’île, comme en témoigne encore, la formation des deux baies : OPUNOHU et COOK.

« PAI, qui se trouvait à Punaauia (sur Tahiti), fut réveillé par un rêve prémonitoire. Il se leva et gravit la colline de Tata’a et jeta sa lance sur Mo’orea.

« Après avoir traversé la mer, elle perça un grand trou dans un sommet connu depuis, sous le nom de Mou’a puta ou MONTAGNE PERCEE.
« continuant sa course, comme une météore, la lance arriva dans le sud de Ra’iatea et se ficha dans le sommet de la colline qui reste échancrée depuis.

« Les coqs de Mo’orea, réveillés par la vibration de la lance, se mirent à chanter, ce qui incita les voleurs à prendre la fuite au plus vite.

« Cependant Hiro et sa bande, réussirent à arracher, sur le flanc du Rotui, un morceau de colline en forme de cône, qu’ils emmenèrent avec eux à Ra’iatea et qu’ils installèrent non loin du rivage de OPOA.

« Cette colline s’y trouve toujours. Elle est couverte de petit toa (arbres de fer) semblables à ceux du Mont Rotui et contrastent étrangement avec la végétation environnante. »

C’est une jolie légende qui survit de nos jours et fait partie de notre histoire

BALADE EN POLYNESIE...

Nous voilà arrivés. L’avion se pose sur le tarmac. Tahiti ! Le rêve!

Dans le hall, des vahinés souriantes nous accueillent au son des ukulélés. Elles nous offrent des fleurs de tiaré. D’un coup, la fatigue du voyage s’envole!

J’ai l’impression d’être entourée d’un voile de douceur, tant l’air est suave.

Mes amis sont là : Patou, Alain et les enfants: Océane, Tony, Maxime et mon filleul Arthur, Ia orana les amis !

Ils ont quitté Marseille il y a 6 ans et se trouvent actuellement à Tahiti. Je suis allée les voir dans tous les pays qu’ils ont traversés : l’Espagne d’abord, Gibraltar, les Canaries, la Martinique, la Guadeloupe, Cuba, Panama et maintenant, le pays des rêves!

Ils m’ont offert des colliers de fleurs qui répandent leur odeur magique et j’ai un sourire béat qui ne disparaî
tra qu’à mon retour.

Oui, les odeurs il y en a partout : les odeurs de vanille se mélangent au parfum des fleurs de tiaré, d’hibiscus, des bougainvilliers, des flamboyants. Les
couleurs font un feu d’artifice. Est-ce cette senteur que la terre exhale qui m’hypnotise et me laisse toute alanguie.

Le pick-up où les enfants se sont entassés sur la plateforme, nous mène à la marina de Taïna à Punaauia.. L’annexe nous attend et nous permet de regagner le ca
tamaran qui est mouillé au milieu du lagon.

Nous passons entre les bateaux qui ont jetés l’ancre. Et je songe à Slocum, le ler circumnavigateur qui est passé dans ces eaux. A Alain Gerbault aussi, cet aviateur qui n’a pas hésité à changer de vie po
ur partir sur son « Firecrest ». Amoureux de la Polynésie, il ne cessera jamais de défendre sa cause et fera revivre les traditions locales. Ces cendres reposent d’ailleurs à Bora-Bora. Je pense aussi à Moitessier qui a mené son Joshua dans ces eaux limpides.

Oui, que cherchent-ils ou que fuient-ils ces navigateurs venus si nombreux de si loin ? Courent-ils après le paradis ou partent-ils à la recherche d’eux-mêmes.

Ils sont là, entassés les uns sur les autres. L’état a crée une taxe appelée « papeetisation », chère cette taxe! Pour un catamaran et 5 personnes, 25000€ à verser pour pouvoir passer le restant de ses jours dans les eaux de la Polynésie Française. Dans l’impossibilité de payer, vous ne pouvez y rester qu’un an, ceci pour limiter l’immigration. Oui, ici le paradis se monnaye!

Je prends possession de ma cabine, large, aérée qui s’ouvre sur l’océan. Devant la salle de bain, par un hublot hermétique, je peux voir le fond marin où nagent des poissons
perroquets aux couleurs chatoyantes et une murène qui est venue me rendre visite. Elle me regarde agressive, heureusement la vitre nous isole!

Une coursive mène à la cabine de mes amis ; des escaliers montent vers la cuisine, immense la cuisine, presque comme dans une maison. La table à carte avec tous les instrument nécessaires à la navigation, sépare le salon de la cuisine.

Une banquette entoure une grande table ovale. Dev
ant, les baies panoramiques nous laissent voir le décors fantastique du lagon.

Après avoir rangé toutes mes affaires, nous avons passé des heures et des heures à discuter dans le cockpit du bateau. Nous avions tant de choses à nous dire, 2 ans d’absence à combler!

Pour fêter nos retrouvailles, nous avons sorti le champagne. Premier « manuia » d’une longue série!

La nuit nous a surpris encore en train de papoter. La nuit tombe très tôt à Tahiti 18heures! Je regarde les lumières de la ville briller dans la nuit et la lune nous éclairer.

Demain, nous partiro
ns pour l’île sœur : MO’OREA!

A Tahiti, les habitants se couchent tôt mais se lèvent tôt aussi. A 6heures, nous étions tous devant notre petit déjeuner et regardions le soleil croître au-dessus de la colline.

L’ancre est relevée, nous sortons du lagon par la passe. Mes amis me
racontent qu’il y a un mois des plongeurs en bouteille ont disparu. On a retrouvé une bouteille de plongée dans le ventre d’un requin citron!!!!

Brrr! Je n’irais pas me baigner dans les passes, ni faire du surf! J’ai une peur viscérale de ces squales.

Une houle désagréable nous bouscule un peu. Le vent e
st de 16Noeuds et le cata marche à 9 nœuds. Il ne réagit pas de la même façon qu’un monocoque. Alors que ce dernier glisse sur l’eau, le catamaran au près bon plein, tape dans la vague.

Pour notre bonheur, le vent passe sur l’arrière. C’est à ll nœuds que nous abordons la passe de Vaiaré sur Mo’orea.


Les voiles affalées, nous longeons la côte, à l’abri de la barrière de corail et nous contemplons le paysage :

J’admire la montagne dont les flancs sont recouverts d’une luxuriante végétat
ion : les bananiers, les flamboyants dont les pieds trempent dans l’eau.

De magnifiques farés, ces curieuses maisons sur pilotis au toit en feuille de pandanus peuplent le rivage.


Devant nous se dresse le Mont Mou’a puta qui est dans l’alignement du
Mont Rotui.

J’ai pris la barre et, lentement, je passe entre les « patates » coralliennes. Alain surveille devant le radar, Patou à l’étrave du bateau, Océane sur babord, Jef sur tribord et Maxime est juché sur une des flèches et me prévient lorsqu’il voit des récifs.


Je ne peux pas profiter du spectacle mais j’entend les exclama
tions de joie d’Arthur lorsqu’il aperçoit des bénitiers éclatant de couleurs ou une raie qui file sous la coque.

Dans cette eau divinement turquoise, nous jetons l’ancre. Dès que le catamaran est stabilisé, nous plongeons dans ce bleu limpide. Enfin, plonger ? Moi je me glisse avec suspicion et je surveille à droite, à gauche, sous l’eau pour voir si un requin ne s’aventurerait pas dans les parages.


- ils sont gentils, me disent mes amis, ceux sont des pointes noires, tu ne risques rien!
Les pointes blanches aussi sauf s’ils sont en bande!

Mais je ne verrais les pointes qu’une fois dans l’eau et je n’aime pas ces squales! Un peu de nage puis je suis remontée me sécher sur le pont.

Le lagon est abrité par la barrière de corail qui coupe la houl
e de l’océan. Allongée sur le pont, j’écoute les vagues qui viennent frapper le récif et j’aperçois leur crête blanche qui éclabousse le corail.

C’est Noël et le soleil brille. Il fait très chaud. Une moiteur do
uce m’enveloppe et il est difficile de se sortir de cette torpeur.

Mais il faut se secouer; il faut préparer le réveillon!

Tony a ramené d’Apataki dans les Tuamotu, une dizaine de grosses langou
stes qu’il a pêchées dans la ferme perlière de son père. 10 langoustes! De quoi se passer l’envie. Enfin, moi, je les adore et je me souviens lors d’un voyage à la Martinique en avoir ramassé une quarantaine avec mon amie Patou.

Elles étaient là les langoustes, rangées l’une à côté de l’autre. J’armai
s mon fusil et la flèche tombait, une fois, deux fois, trois fois… Patou a failli se noyer de rire!!!

Mais je suis tenace et nous les avons eu ces langoustes et en avons mangées tous les jours.

Pendant qu’elles cuisent dans l’eau, je prépare le foie gras ramené de France. Je l’avais caché dans des chaussettes, au fond d’un sac, les douanes Américaines interdisent toute nourriture, même si nous ne sommes qu’en transit sur leur sol.

Elles nous ont d’ailleurs ouvert un sac un tampon l’ attestant. A l’arrivée, 2 bouteilles de Gigondas étaient absentes! Quelqu’un a dû pass
er un bon noël!!! Heureusement, le champagne,le whisky et d’autres bouteilles qui étaient dans un autre sac, avec le foie gras sont toujours là.

Nous avons dressé une belle table, décorée de fleurs de tiaré et d’hibiscus, dans le cockpit du bateau.

Tout est prêt : toasts au saumon, escargots de Bourgogne, foie gras, langoustes, coquilles St Jacques avec du riz, le fromage et le dessert.


Des amis Belges sont arrivés sur leur catamaran et viennent se joindre à nous!

Nous avons passé une soirée divine. Tous ravis des cadeaux ! Mais voilà qu’au moment de sabrer le champagne, la pluie est venue troubler les festivités.

Des trombes d’eau se sont abattues sur le taud. Rapidemen
t les hommes ont installé des bâches supplémentaires pour nous permettre de finir plus tranquillement le repas.
Leurs habits trempés les faisaient ressembler à des pingouins.


Nous avons terminé la soirée sous les rires. Nos amis ont regagné leur bord et Alain en leur disant au-revoir a raté la marche et a fait un plongeon, et les lunettes sont restées au fond de l’eau.


La nuit avec les requins qui rodent, difficile de plonger. C’est Tony qui s’est dévoué en se moquant de notre peur!

Les lunettes repêchées, nous avons gagné nos couchettes.


Le lendemain, l’ancre levée, nous avons poursuivi notre route. Tous les lagons sont merveilleux. Dans une passe, nous avons vu une énorm
e baleine qui a plongé sur notre passage, laissant voir sa queue magnifique.




Plus loin, lorsque nous sommes allés à terre,nous avons pris un chemin bordé de flamboyants, de bananiers et les fleurs d’hibiscus exhalées une senteur sa
ns pareille.

Nous sommes passés d’îles en îles. Laquelle nous avons préférées ? Toutes différentes mais chacune un petit paradis où il fait bon vivre.


Mais chaque paradis a son enfer, pour la Polynésie, ce sont les cyclones qui ravagent ces îles emportant sur leur passage les habitations, les arbres.

A Ta’ha, nous avons retrouvé des amis de Marseille qui sont
venus en bateau s’installer dans l’île. Lui médecin, elle donne des cours de cuisine aux autochtones.

Puis de nouveau, Mo’orea où nous avons assisté à des danses Maoris dans un village.


Que de couleurs !

La nature est ruisselante de couleur et le parfum des fleurs nous ennivre.

Nous avons pris ces curieux bus multicolores appelés Trucks et qui, en cette période de fêtes de Noêl, étaient tout décorés. Ils nous ont mené à Papeete.

Malgré la misère, les habitants sont gentils, ils gardent leur sourire et le tutoiement est coutumier.

Nous avons visité la ville, J’ai eu une pensée pour Jo Dassin, mort subitement dans le café Rétro de Papeete.

Le soir nous a surpris mangeant dans des roulottes. Elles vous offrent toutes sortes de plats le couscous côtoie le poisson tahitien, les sushi, la ratatouille provençale.

La place grouille de monde. Il n’y a aucune bousculade, personne n’est pressé.

C’est « l’attitude Polynésienne » la vie s’écoule doucement.

Ce soir, c’est la dernière fois que je verrais se coucher le soleil sur le lagon!
Nostalgie ! Mes yeux profitent de ce dernier spectacle!

Il est difficile de dormir et quitter ce pays me brise le cœur. Heureusement, mon filleul qui a 10 ans m’accompagne, il vient en France pour 2 mois, cela limite l’émotion.

Les colliers de coquillages ont remplacé les couronnes de fleurs. Je les conserve religieusement sur mon voilier.

Je les regarde souvent et mon esprit s’évade. Je revois :

- les magnifiques plongées au milieu des carangues, des diodons, des bécunes, des Napoléons aussi. Moins magnifique, ma rencontre avec un requin qui est sorti au
Détour d’une patate de corail. Je suis remontée dans le canot aussi vite qu’une fusée! Mais cela ne m’a pas empêché de caresser, avec hésitation, un petit requin qui venait nager dans 3à cms d’eau, sur la plage.

- les bénitiers ouverts qui montraient leurs gonades multicolores,

- les belles perles - poe en tahitien que j’ai ramenées bien sûr.

Mes yeux sont encore remplis de couleurs flamboyantes, les fleurs, les arbres, les robes des vahinés et des rae-rae aussi ! Et la couleur incomparable des lagons qui nous offrent toute une palette de bleu.

Ma peau conserve la senteur de tiaré et le voile de douceur s’est collé à jamais à ma peau!

Je suis une faranie qui ne sera jamais fiu de la Polynésie

jeudi 21 janvier 2010

A LA RENCONTRE D'UNE LEGENDE

Après une traversée de l'Atlantique, l'île des Saintes se dresse devant nous.

Nous décidons de jeter l'ancre dans la baie du Pain de Sucre.

Quel bonheur, d'entendre le cliquetis de la chaine qui passe sur le davier ! Je regarde l'ancre se poser dans l'eau transparente de
la baie..

Des toits rouges émergent de la verdure qui recouvre le morne. Mes regards cherchent une maison. Oui, toujours là ! et près d'elle, quelques bungalows ont poussé.

L'annexe gonflée, vite mise à l'eau, me transporte avec mes amis sur la plage.

La maison de Geneviève, belle demeure coloniale, a disparu. A sa place une grande villa a été construite, entourée d'un grand mur. Nostalgie !

Je prends le chemin qui longe la plage et monte entre les manceniliers. La maison est cachée derrière d'immenses bougainvilliers et flamboyants. Sur la porte un écriteau : "TAVERNE et HOSPICES".

Je pousse la porte et me demande s'il sera toujours là. Le géant jadis roux, est toujours là, soutenu par un jeune homme. Ses épaules un instant voutées se relèvent et de sa voix autrefois forte, me souhaite la bienvenue.

JACQUES BOONE, aventurier, pirate, trafiquants d'armes, écrivain et grand navigateur est là!

Je lui présente mes amis. Il est heureux de voir du monde.

Autour de la table, il nous conte son histoire qu'il aime dire et redire.

Il nous parle de son voilier, le BINGA, qu'il a construit de ses propres mains dans la forêt africaine et qu'il a transporté sur le toit d'un vieil autobus, jusqu'à l'océan.

Il fera du charter, fera du trafic d'armes. Il traversera l'Atlantique et écumera toutes les îles des Caraïbes pour venir se poser dans cette baie du Pain de Sucre où il construira de ses propres mains sa maison.

Malin, il échangera de la bière contre une pierre qu'un des baigneurs de la plage lui monter.

Il partira à la recherche d'un trésor. Puis un jour de tempête, le Binga sombrera!

Son regard erre sur l'horizon en nous contant l'histoire, ému, ses yeux se voilent et il pense Jacques Boone que son seul regret, c'est de partir sans avoir eu d'enfants.

Le jeune homme s'approche et lui donne un médicament. Mon coeur se serre. Nous le quittons à regret et pensons qu'à notre prochaine venue, cet aventurier ne sera plus là pour raconter pour la Nième fois son histoire.

Octobre 2008, des amis reviennent des Saintes et me disent que JACQUES BOONE a disparu.

Son âme s'est envolée mais elle hantera la baie du Pain de Sucre à jamais....