Affichage des articles dont le libellé est CARNETS DE VOYAGE. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est CARNETS DE VOYAGE. Afficher tous les articles

mardi 30 mars 2010

L'horloge astronomique de la Cathédrale de Strasbourg


Au moyen âge, les instruments
: clepsydres, sabliers, cadrans solaires, ne mesuraient qu’une portion de temps, sans tenir compte de sa continuité.

Vers la fin du XIIème siècle, se produisit une révolution technique avec l’invention de l’horloge mécanique qui allait, au temps clérical incertain, substituer un temps laïc, rationalisé.

Les villes dotèrent un de leurs édifices publics ou religieux, d’une horloge monumentale et Strasbourg fut parmi les premières à donner l’exemple en créant de 1352 à 1354 l’horloge des Trois Rois.

Le buffet de l’instrument d’une douzaine de mètres, fut dressé contre le mur ouest du bras sud du transept. L’édifice comportait de bas en haut :
- un calendrier
- un astrolabe
- une statue de la vierge à l’enfant devant laquelle, toutes les heures, les rois mages venaient s’incliner, pendant qu’un carillon jouait différentes mélodies et qu’un coq chantait en battant des ailes.

Cet automate, le plus ancien qui soit conservé, est aujourd’hui exposé au Musée des arts décoratifs de la ville.

Au XVIème siècle, lorsque l’horloge des Trois Rois cessa de fonctionner, on songea d’abord à le restaurer. On installa alors un cadran qui devait montrer la marche du soleil et de la lune à travers le zodiaque, au moyen d’aiguilles actionnées depuis l’horloge.

La ville, devenue protestante, en 1547, décida de remplacer le vieil instrument trop délabré par une nouvelle horloge qui fut mise en chantier vis-à-vis de l’ancien emplacement.

C’est Charles Herlin, astronome et professeur qui s’adjoignit ,le médecin Michel Herr et le théologien Nicolas Prugner pour faire l’étude du projet. Pendant que l’horloger commençait son travail, l’architecte Bernard Nonnenmacher entreprenait la construction du buffet en pierre avec son escalier à vis. Mais en 1548, les travaux furent interrompus quand l’église redevint catholique amenant le Magistrat protestant à se désintéresser de tout ce qui concernait l’édifice.

En 1571, Conrad Dasypodius, disciple de Herlin reprit l’ouvrage interrompu avec l’aide de David Wolkenstein, des frères Josias et d’Isaac Habrecht. Ces derniers furent chargés de construire les mécanismes. Il fit appel au peintre Tobias Stimmer qui se chargea de peindre certains indicateurs astronomiques tel le globe terrestre et de décorer l’ensemble du buffet. Quant au buffet en pierre lui-même, son achèvement revint tout naturellement à Hans >Thommas Uhlberger, architecte de l’œuvre Notre-Dame de 1565 à 1608.

Après la réforme grégorienne de 1582, la conception du calendrier élaboré d’après le système Julien, hérité des Romains, fut dépassée, puis l’usure affecta les rouages en fer forgé. L’horloge s’arrêta complètement en 1788.

…Un jour que le suisse de la Cathédrale, après avoir présenté à des visiteurs l’horloge immobile et muette, concluait que personne ne pourrait plus jamais la remettre en marche.

Un garçon lui lança : « Eh bien! Moi, je la ferai marcher! ». Il s’agissait du jeune Jean Baptiste Schwilgué (1776 - 1856) qui allait consacrer son existence à acquérir en autodidacte toutes les connaissances nécessaires à une telle entreprise.

Formant quelques ouvriers susceptibles de l’aider, il se mit à construire les machines facilitant la confection des pièces de l’horloge. Parmi elles, une machine à sculpter le bois qui permettait d’ébaucher les automates d’après des maquettes en plâtre.

Bien qu’il aurait préféré construire une horloge entièrement neuve, dans un buffet vitré qui lui aurait permis de faire admirer le mécanisme, la ville préféra, devant les coûts élevés, lui demander de ne renouveler que les différentes fonctions de l’ancien instrument.

C’est à cette sage décision que nous devons d’avoir conservé le buffet qui est un chef-d’œuvre de la Renaissance et qui abrite une réalisation exemplaire de la science et de la technique du XIXème siècle.

Les sculptures héraldiques :

Elles proclament la part qu’eurent à la réalisation de l’horloge, en tant que promoteurs la Ville et l’œuvre de Notre Dame, institution chargée de l’entretien de la cathédrale.

Les armoiries de Strasbourg sont présentées par deux lions : l’un tenant le heaume, l’autre l’écu


- Au dernier niveau du corps central, un lion supporte les armes de l’œuvre et un griffon, celles de son architecte, Ulhberger

Les sculptures du couronnement :

L’architecte est représenté tout au sommet, sous la forme d’une statuette qui le montre tenant un compas et un écu avec sa marque de maître.

Ce couronnement abrité à l’origine un carillon, comporte les figures d’une harpiste et d’une luthiste incarnant la musique. Derrière, cachées, une flûtiste et une violiste. Ces quatre musiciennes portent en bandoulière des écus aux armes des administrateurs et du receveur de l’œuvre qui, en 1571 avaient signé le contrat avec Habrecht.

C’est en 1842, que les trois évangélistes qui se dressent au-dessus de l’entablement, ont été complétés par le quatrième, saint Mathieu. Leur position fut modifiée pour faire place, au centre, à la statue du prophète Isaïe, annonciateur de Dieu.

Le linteau de porte
de l’escalier montre un enfant endormi près d’un sablier, la main posée sur une tête de mort.

Ce relief de 1547, constitue une Vanité qui illustre le thème de la brièveté de la vie et de la fuite du temps.

Les peintures :

Ce vaste et complexe programme de peintures était destiné à évoquer le temps sous les autres aspects : cosmologique, historique ou théologique en insistant sur la fin inéluctable de l’homme et de l’humanité.

C’est Tobias Stimmer qui se chargea de l’exécution de ce programme.
Le décor de l’horloge astronomique demeure aujourd’hui son œuvre peinte, la plus importante

- les quatre empires
: l’Assyrie, la Perse, la Grèce et Rome étaient symbolisées par quatre bêtes surgies de la mer qui figurent sur les boucliers des quatre rois. Ceci, représente le temps historique.
- La Création, inaugure une série de 6 peintures retraçant le temps biblique. Elle est évoquée par Eve, tirée de la côte d’Adam par Dieu, qui selon une tradition protestante, n’est pas représenté mais nommé au centre d’un halo de lumière.

- Le Jugement Dernier, illustré par trois scènes :
* L’avènement triomphal du Christ juge inspiré de l’Apocalypse. Au pied du trône, on voit les quatre animaux ailés et l’agneau mystique et de part et d’autre, le diable et la mort enchaînés. Autour, les vingt-quatre vieillards tiennent les harpes et des coupes d’encens.

* La résurrection des morts

* Le Jugement non montré sous sa forme apocalyptique pour rappeler qu’il est aussi une réalité individuelle. La scène oppose la fin de deux hommes attendus par la mort. A gauche, le croyant assisté par trois femmes : la Foi, la Charité et l’Espérance. A droite, l’impie ligoté par un démon, est dominé par « Dame Monde » figure incarnant toutes les séductions terrestres.

- La Chute et le Salut, incarnés par deux figures allégoriques qui résument l’histoire du salut qui se déroule entre l’origine et la fin des temps. Cette représentation inspirée par la théologie luthérienne de la justification par la grâce, oppose la Loi, le Péché et la Mort à la Foi dans la Rédemption qui accueille la parole de l’Evangile et se trouve régénérée par l’Esprit Saint.

- L’église et l’Antéchrist, sont représentés par la femme de l’Apocalypse, revêtue de soleil dont le nouveau-né est enlevé au ciel, et par le dragon à sept têtes qui voulait dévorer l’enfant. Allusion aux persécutions et aux troubles dont l’église était victime.

- Les quatre saisons qui décrivent le temps cyclique de l’année, personnifient en même temps, à travers les quatre âges,le temps irréversible de l’existence humaine. On distingue :

* l’hiver : la Vieillesse et la Mort avec son sablier, la nuit, la terre et le tempérament mélancoliquement

* l’automne : la maturité, le soir, l’eau et le tempérament flegmatique.

* Le printemps : l’enfance, l’aube, l’air et le sanguin.

* L’été : la jeunesse, le midi, le feu et le colérique.

- Les parques décident de la destinée individuelle. Lachésis dévide la quenouille. Clotho guide le fil de l’existence que la vieille Atropos s’apprête à couper.

- Des hommages
sont rendus aux hommes, aux arts et aux sciences qui ont concouru à la création de l’horloge :

* l’astronomie représentée par sa muse : URANIE dont les deux ailes : l’arithmétique et la géométrie permettent l’envol. Hommage à Copernic qui a inspiré Dasypodius, le savant est debout avec un brin de muguet rappelant qu’il est aussi médecin.

* l’auteur Schwilgué est représenté sous le portrait de Copernic.

* un dernier panneau représente les emblèmes des savants, artistes et artisans qui ont participé à l’ouvrage. Ils surmontent les figures d’un putto aveugle en portant un autre paralytique. Une façon de souligner la complémentarité des métiers qui ont collaboré à l’œuvre.

LA MESURE DU TEMPS ET LES INDICATIONS
ASTRONOMIQUES


- L’heure :

Est donnée par un cadran sur lequel des aiguilles blanches marquent l’heure officielle. Les aiguilles dorées retardant d’une trentaine de minutes les premières indiquent l’heure moyenne locale d’après laquelle sont réglés les sonneries et les automates.

* le premier coup des quarts est frappé par un angelot
* le second, par l’un des quatre âge : l’enfant, l’adolescent, l’adulte et le vieillard. Ceux-ci passent devant la mort qui sonnent les heures sans jamais s’arrêter alors que les Ages, à l’instar des hommes, respectent le repos nocturne.
Après la sonnerie de l’heure, le second angelot retourne le sablier.

- La sonnerie de midi
Est suivie par le défilé des apôtres devant le Christ qu’ils saluent et qui bénit la foule après le passage du dernier d’entre eux.

Pendant le défile, le coq se met à chanter par trois fois. Cet animal emblématique de la mesure du temps est aussi un rappel du reniement de Saint Pierre, symbole de la fragilité des hommes.

- Le calendrier :

* Les jours
sont signalés par leurs divinités tutélaires installées sur des chars que traînent les animaux qu’elles ont pour attribut. Se succèdent du dimanche au samedi :

- Apollon, Diane, Mars, Mercure, Jupiter, Vénus et Saturne. Ce dernier représenté en train de dévorer l’un de ses enfants. C’est aussi un symbole du temps qui détruit ce qu’il produit.

La division du jour astronomique est rappelée par le face à face d’Apollon et de Diane qui incarnent respectivement la journée et la nuit. La flèche d’Apollon désigne sur le calendrier, le jour courant.

* L’année est décrite par un calendrier perpétuel, en forme d’anneau.

* Le comput ecclésiastique effectue dans la nuit du 31 décembre les calculs qui permettent de fixer le calendrier de la nouvelle année. Il indique : son millésime, sa place dans le cycle solaire (période de 28ans au terme de laquelle les jours retombent sur les mêmes dates), son rang dans le cycle lunaire ou nombre d’or (période de 19 ans au bout de laquelle les phases de la lune se produisent aux mêmes jours) ainsi que celui de l’indiction romaine (cycle de 15 ans utilisé dans les documents pontificaux), les lettres dominicales, les épactes (nombre de jours qui séparent la dernière nouvelle lune du ler janvier) et la date de Pâques.

- Les indications astronomiques :


* Le globe céleste reproduit le mouvement de la sphère étoilée autour de la terre supposée immobile en son centre.

Il comporte plus de 5000 étoiles et tourne en un jour sidéral. Celui-ci correspond à l’intervalle entre 2 passages d’une même étoile au méridien qui est d’environ 4 minutes plus court que le jour solaire moyen. Le temps sidéral se lit sur un cadran annulaire fixé sur la sphère.

En dessous de celle-ci, un rouage reproduit la giration imperceptible de l’axe de la terre qui s’accomplit en 25806 ans.

* Le temps apparent ou temps solaire vrai
est défini par la durée entre deux passages du soleil au méridien. Sur le cadran, deux aiguilles indiquent la marche apparente du soleil et de la lune autour de l’hémisphère nord placé au centre.

Elles reproduisent aussi les éclipses et la longueur de l’aiguille varie automatiquement en fonction de la lune, représentée par une petite boule qui, en tournant sur elle-même, décrit les phases lunaires. Sur le même cadran, deux autres aiguilles marquent l’heure du lever et du coucher du soleil.

* Le planétaire marque la gravitation des six planètes visibles à l’œil nu : Mercure, Vénus, la Terre accompagnée de la Lune, Mars, Jupiter, Saturne, autour du soleil central. Les signes du zodiaque tracés sur le pourtour, permettent de savoir dans quelles constellations se trouvent les planètes.

* Le globe lunaire moitié noirci, moitié doré, montre les phases réelles de la lune en effectuant sa rotation en un mois de 29 jours et 55 minutes.




La rénovation de 1838 fit de l’horloge astronomique, d’un point de vue technique, une pièce unique au monde, grâce au génie de Schwilgué que Camille Flammarion comparait à Copernic ou Galilée..

Elle m’a éblouie, je suis restée subjuguée devant l’immense talent d’un groupe d’hommes.

mercredi 24 mars 2010

Balade à STRASBOURG

Nous voilà débarquées, pour une fois d'un train, ma copine Michèle et moi.

Le soleil était là se frayant un chemin au milieu des nuages gris.

La chaleur était là aussi. Et sur les conseils de la famille et des amis, je m’étais couverte, trop couverte bien sûr!

Après avoir déposé nos bagages à l’Hôtel Kyriad - hôtel à recommander pour leur accueil, nous sommes parties visiter la ville et ses marchés de Noël.

STRASBOURG? C'est la capitale Noël.

La tradition remonte au moyen âge. Le marché était établi au pied de la Cathédrale. Des artisans potiers, serruriers, tourneurs sur bois y exerçaient leur talent.

Au XVème siècle, la réforme protestante faillit le supprimer mais il survécut se contentant de changer de nom. De Saint Nicolas au départ il devint "Christkindelsmärik" foire de l'Enfant Jésus. Réminiscence de la Sainte Lucie des pays Scandinaves ? En Alsace, l'enfant jésus est représenté par une jeune fille vêtue de blanc. Sous cette dénomination le marché prospéra.

Au XVIIIème siècle, il devint cosmopolite : la truffe du Périgord cotoyait la pipe d'écume de Bavière.

En 1830, il s'établit place Kléber. Aux pittoresques échoppes médiévales avaient succédé des étalages au cordeau "semblables aux maisons d'une ville fortifiée par Vauban".

En 1870 enfin, il rejoignit son emplacement actuel sur la place de Broglie. Il était alors consacré entièrement à la préparation de la fête de Noël : ornement du sapin et les cadeaux à déposer à ses pieds.

Actuellement, de nombreux artisans sont venus de toute la France et du monde entier exposer leur travail.

Depuis la place Broglie, le marché a essaimé ses stands au pied de la Cathédrale, renouant ainsi la tradition médiévale.

Il faut dire que la ville fournit un gros effort en matière d'animation. Avec Paris, c'est la municipalité qui dépense le plus pour cela mais, comme nous l'a dit un habitant, le marché suffit à compenser les dépenses et pour les décorations féériques, la ville n'emploie que des leds ce qui diminue la consommation en électricité.

Oui la ville resplendit par ses guirlandes. Une vraie féérie de couleurs.



Les rives de l’Ill m’ont étonnée. Je ne connaissais pas Strasbourg
, je n’avais regardé que le plan fourni par un ami. Je suis restée ébahie de voir la beauté des paysages.

Elle mérite bien la comparaison avec Venise.

Le centre ville est entouré par les bras de l’Ill et les maisons à colombages qui bordent les rives sont splendides.

Je pense au Corbusier qui a dit qu’à Strasbourg, « l’œil ne s’ennuyait jamais » c’est exact et j’en ai pris plein les yeux.

Nous avons emprunté la rue de 22 Novembre, pour nous rendre à la place Kléber. Rue du 22 Novembre ? Pourquoi le 22 Novembre ?, je suis très curieuse. Je me suis donc renseignée.

« Ecrasement du soviet de Strasbourg « me répond-t-on ! Cela ne me satisfait pas et je pars aux renseignements. On me dit aussi « libération de Strasbourg le 22 novembre 1944 » alors est-ce la rue du 22 novembre 1918 ou le 22 novembre 1944 ?

L’énigme paraît être résolue. Les troupes du général Leclerc étant entrées à Strasbourg le 23 Novembre, donc cela ne pouvait pas être en 1944.

22 novembre 1918 : je lis donc : libération de Strasbourg par l’armée française mais pas de l’armée allemande! Les troupes françaises avaient mis fin à un soviet de soldats, d’ouvriers, de paysans!!!!!!

A la fin du mois d’octobre de cette année-là, l’Allemagne perd la guerre, mais des généraux veulent tenter une attaque en prenant appui sur la flotte de guerre. La troupe refuse. Pendant ce temps, à Kiel les marins se mutinent et se constituent en soviet. Les syndicats ouvriers les rejoignent ainsi que des insurgés. Drapeaux rouges en tête, ils se rendent dans les villes voisines pour gagner les habitants à leur cause.

Quinze mille Alsaciens et Lorrains sont alors incorporés dans la Kriegsmarine et participent à ces évènements. Ces deux provinces souffrant de disette font des mécontents.

Le 8 novembre, la population de Strasbourg apprend la proclamation des conseils de Bavière. Le lendemain, des milliers de manifestants envahissent la place Kléber pour acclamer les premiers détachements de marins arrivés du nord de l’Allemagne.

Blocage du pont de Khiel, un soldat est abattu. La bourgeoisie allemande de Strasbourg fait appel aux troupes françaises afin de mettre un terme aux troubles. Un slogan court les quartiers bourgeois : « plutôt Français que rouges! »

Les marins révolutionnaires alsaciens se forment en conseil de soldats de Strasbourg et exigent du gouverneur Von Rohden, la libération des détenus, la liberté de presse et d’expression, la levée de la censure sur le courrier, le droit de manifester.

Les prisons ouvrent leurs portes, les Conseils se rendent maîtres des bâtiments publics et toutes les marques d’autorité comme les insignes, les grades sont supprimées. Les drapeaux rouges flottent y compris sur la flêche de la Cathédrale.

Rebholz, secrétaire du syndicat des ouvriers brasseurs, annonce l’abdication de Guillaume II à Berlin et proclame l’avènement d’un pouvoir populaire. Des commissions organisent la vie quotidienne. Des grèves éclatent comme celle des cheminots.

Le dirigeant social-démocrate strasbourgeois Jacques Peirotes fait appel au quartier général français et demande aux généraux de « hater leur entrée dans la ville, la domination des rouges menaçant de prendre une fin tragique ». L’entrée était prévue le 25, mais les troupes marchent sans relache et pénètrent le 22 Novembre 1918.

Le Conseil des ouvriers et soldats déclare qu’il « a rempli sa mission, même si, compte tenu des circonstances, il n’a pu réaliser son idéal politique ». Il décide de remettre l’autorité militaire entre les mains du commandant français Gouraud.

Le 22 novembre, le premier acte symbolique de l’armée française sera d’occuper le Palais de justice où siègeait le « Soviet de Strasbourg ». La troupe s’empare des usines, les décrets sociaux sont annulés, les salaires ramenés au niveau de septembre 1918. Les agitateurs sont expulsés. Les sous-préfets seront choisis parmi les officiers.



...De la rue du 22 Novembre, nous allons à la place Kléber.

Des effluves de canelle du vin chaud nous parviennent.Plus loin, des flonflons de musique russe nous attirent et nous regardons intéressées les danses de ce pays.

Des stands présentent des santons de la crêche, des guirlandes, des bougies.

Sur une autre place, Broglie, où se trouve l'opéra, des stands offrent des spécialités locales : maennele de St Nicolas, brioche en forme de bonhomme ou d'animaux, des stolles, du pain du pain d'épice, du foie gras, des bretzels salés ou sucrés.

J'ai photographié des Italiens arborant des coiffures en forme de cigogne. Bon! cela fait vendre !

De là, nous sommes allées voir la place de la République. Superbe cette place ! ses jardins sont dessinés au cordeau. Elle servait de jonction entre la vieille ville enserrée par l'Ill et la nouvelle.

Des bâtiments l'entourent dont :

- la Bibliothèque Nationale,
- le Théatre National
- le Palais du Rhin en grès jaune construit pour l'empereur Guillaume ler mais il ne put y séjourner. Il mourut en 1888 juste au moment où l'on terminait les travaux
- Au centre de la place, le Monument aux Morts qui représente une mère et ses 2 fils : l'un mort pour la France, l'autre pour l'Allemagne.

Plus qu'ailleurs, le style néo-renaissance des maisons nous rappelle qu'en 1870 Strasbourg était la capitale du Reichsland d'Alsace-Lorraine et qu'elle se devait de donner l'exemple

Nous avons retraversé l'Ill pour aller à la Cathédrale.

La CATHEDRALE Merveilleuse !

Commencée à la fin du XIIème siècle, elle ne fut achevée qu'en 1439 et ne reçut sa dernière adjonction qu'au début du XVIème. Pendant 3 siècles se sont succédés plusieurs artistes venus tantôt de l'ouest en ce qui concerne les oeuvres de premier plan : architecture, sculpture, vitrail et de l'orient.

- La lère mention remonte au VIIIème siècle. Après l'incendie d'un édifice Carolingien, l'évêque Wernher entreprit d'élever en 1015, une nouvelle cathédrale.

- Vers 1190, on commence la reconstruction des parties orientales : chœur et transept dans un style roman tardif. En 1225, un maître venu d'ile de France acheva le bras sud du transept en style gothique d'inspiration chartraine

- Un autre maître, vers 1245 entreprit la construction de la nef.

- La façade allait demander plus d'un siècle et demi marqué par des changements de maîtres, d'influences et de partis, jusqu'à son achèvement en 1439.

- Après cette date, l'édifice ne reçut que quelques adjonctions gothiques. Dans les années 1340, celle de la Chapelle Ste Catherine et celles de la sacristie et de la chapelle St Laurent, eurent lieu vers 1500.

- En 1521, alors que s'achevait la chapelle St Laurent, la Réforme s'installait à Strasbourg. La cathédrale dépouillée du riche mobilier accumulé au cours des siècles fut adaptée au nouveau culte. Elle fut restituée en 1681 par Louis XIV aux catholiques.

- En 1793, le fanatisme révolutionnaire abattit plus de 200 sculptures. Mais les strasbourgeois réussirent à sauver les plus importantes.

- Avec le XIXème siècle commença l'ère des restaurations qui dure encore mais cette année, pas d'échafaudage.

J'aime la façade occidentale. l'architecture est due à la succession de plusieurs projets conçus sur le modèle des cathédrales françaises à deux tours.

Le décor sculpté des parties hautes, refait au XIXème, comporte sur les contreforts 12 statues équestres de rois et d'empereurs, au-dessus de la rose, les apôtres assistant à l'Ascension du Christ et sur le beffroi, le jugement dernier.

Le portail sud représente la parabole des Vierges sages et des Vierges folles.

Le portail central montre dans le tympan, la Passion du Christ

Le portail Nord, les figures des Vertus viennent triompher des Vices qu'elles foulent aux pieds et transpercent de leur lance.

La face nord représente la même composition que celle sud.

Le portail St Laurent est surmonté d'un baldaquin sous lequel est représenté le martyre du Saint.

J'ai admiré les vitraux sans pareils, et suis venue m'extasier devant l'horloge astronomique dont je raconterais la légende.

Nous avons attendu l'heure où l'on pouvait voir sortir les personnages qui marquaient les heures, les minutes, les secondes. Superbe ! l'homme à travers le âges : chérubin, adulte et vieillard passant devant la mort.

Nous reviendrons demain matin car à elle seule, elle mérite une matinée de visite.

Après l'avoir quittée, nous avons pris la direction de la Petite France. Un joli nom pour cacher un hôpital où l'on soignait le "mal français", autrement dit la syphilis qui fut propagée par les soldats de François ler.

L'hôpital a disparu, il ne subsiste que le nom du quartier qui abrite le quartier des tanneurs.

Nous avons pris la rue des Dentelles, la place Benjamin Zix ombragée, avec la maison des tanneurs qui était le siège de la corporation J'ai regardé sur le pont couler l'Ill.

Il était temps pour nous de rentrer à l'hôtel pour réparer les méfaits de la nuit passée dans le train, nous apprêter pour repartir dîner dans un restaurant qu'un ami nous avait recommandé.

lundi 22 février 2010

11ème partie

..En revenant sur la place Luza, nous avons pris les escaliers menant à l'église St Blaise, patron de la ville. De style baroque, elle a été construite en 1715 sur l'emplacement d'une vieille église romane consacrée au même saint. Elle a été érigée selon le modèle de l'église St Maurice à Venise.

J'ai admiré les ornements des autels qui sont somptueux. Le maître-autel abrite une statue gothique de St Blaise en argent doré qui est une des plus importantes dans l'histoire de l'art ragusien. St Blaise tient dans sa main gauche, une maquette de la ville.

En sortant de l'église, nous sommes allés au palais Sponza. Il faut dire qu'autour de la place une multitude de palais sont implantés.

Le palais Sponza est le plus beau de la ville. Il a conservé son aspect original et doit son nom à l'ancien quartier de Spongia où l'on recueillait les eaux de pluie. C'est là que se trouvaient les bureaux des douanes, les ateliers de la monnaie de la République, la banque, la trésorerie de l'état et l'arsenal.

Edifice rectangulaire avec une belle cour intérieure avec un portique ouvert.

Sur l'arc du portique, on peut lire : FALLERE NOSTRA VETANT, ET FALLI PONDERA : MEQUE PONDERO CUM MERCES : PONDERAT IPSE DEUX :
Nos poids ne permettent pas de tromper ni d'être trompé ; lorsque je pèse la marchandise, Dieu en personne me pèse.

J'ai beaucoup aimé cette phrase.

Aujourd'hui, le palais renferme l'institution culturelle la plus importante de la ville : Les archives historiques le document le plus ancien de ces archives date de l'an 1022. Il renferme également la collection de livres législatifs et juridiques parmi lesquels, le Statut de Dubrovnik de 1272.

On n'y trouvre aussi toutes les notes de la chancellerie et du notariat de la République. Un palais précieux.

Dans le hall, un garde en habit du moyen âge était assis derrière un bureau. Des grimoires étaient à notre disposition - moyennant 5€, il remplissait notre nom sur le parchemin qui "autorisait M.... a entrer dans la ville, signé : le Recteur".

L'an dernier, j'étais venue le visiter : dans une pièce étaient affichées les photographies des jeunes gens morts en défendant la ville.

Ces photos tapissaient les 3 murs de la pièce. J'en suis sortie bouleversée.

En sortant du palais, un groupe de musicien est venu jouer. Cela a chassé de mauvais souvenirs. Nous avons écouté la musique et j'ai été bien surprise d'entendre de la techno. Avec leur costume style scout, oui ce fut la surprise.

Sur le côté de la place se dresse une statue, la statue de Roland (Orlando) érigée en 1418.

Bien que la légende présente Roland comme le défenseur de la ville contre les Sarrazins, la vérité serait plutôt politique. Dubrovnik se trouvait au XVème siècle sous la protection du roi croato-hongrois et tchèque Sigismond qui était également le comte de la province de Brandenbourgoù il y avait une multitude de statues de Roland.

Ainsi cette statue est signe de respect envers le roi Sigismond dont la protection était d'une grande importance pour la ville, vu les appétits territoriaux de Venise.

A noter que la longueur de l'avant-bras de la statue représentait une mesure de longueur qui était de 51,2 cm appelée "COUDEE RAGUSAINE"

Outre cette statue, nous trouvons :

- le palais du Conseil Majeur dont la façade ressemble au palais Sponza. Au dessus de la porte on peut lire OBLITI PRIVATORUM PUBLICA CURATE (oublies tes intérêts personnels, veille aux affaires publiques) Je ne me lasse pas de lire ces maximes je trouve succulent!

Aujourd'hui, l'édifice abrite le théâtre municipal et au rez de chaussée "le café de la ville"

- la Tour de la Garde construite en 1490

- la Tour de l'Horloge en 1444, haute de 31 mètres, elle représente avec la Tour Mincete et la colonne Roland, un des symboles de la liberté de cette ville-Etat. Le cadran est en laiton sur lequel les aiguilles indiquaient les phases de la lune.

- La petite fontaine d'Onofrio,

- l'ancienne loggia avec des cloches

- le palais des Recteurs. C'est un des monuments les plus importants de l'architecture profane, non seulement de la ville mais de toute la côte Adriatique.

Il est magnifique, de style gotico-renaissance. Pour y accéder, nous passons sous des arcades dont j'ai pu admirer les chapiteaus sculptés. On pénètre dans le hall donnant dans une cour intérieure avec un escalier chantourné, richement sculpté, un portique harmonieux aux colonnes ornées de chapiteaux figuratifs exécutés par Piétro Di Martino, de Milan.

Un chapiteau représente le jugement de Salomon.

Aujourd'hui le Palais sert de musdée de la Ville.

Il abritait jadis, le cabinet du Recteur, ses appartements privés que l'on peut visiter, l salle de réunion du Conseil Mineur ainsi que les salles de réception et d'audiences.

Le recteur, qui ne gouvernait que pendant UN mois, ne pouvait pendant cette période, quitter le palais que pour des raisons officielles. Il recevait chaque soir les clés des portes de la ville dont la garde lui est confiée durant la nuit.

Cette place est le coeur de la ville, c'est la que se passent toutes les festivités de la ville.

Un couple habillé dans des costumes du moyen âge nous a accompagné dans le stradum.

La nuit tombant, nous avons repassé la Porte Pile et repris le car qui nous a ramené à la marina.

Le bateau est sur un quai qui jouxte une belle villa praticienne, celle de la famille Sorkocevic, avec des colonnes, de magnifiques allées bordant les jardins.

Nous avons passé la soirée, à regarder jouer aux boules et à nous restaurer au bord d'une piscine, en écoutant de la musqiue.

Une soirée de spleen car demain, il nous faudra quitter Dubrovnik, traverser l'Adriatique, vers l'Italie où Brindisi nous accueillera.

Oui nous avons voulu revoir la Croatie. C'est toujours le paradis que nous avons connu l'an dernier. Mais tout paradis a un revers de la médaille.

Nous ne sommes pas les seuls à trouver ces paysages fantastiques. Beaucoup de touristes sont venus connaître la magie des lieux.

Pour loger, on commence à décimer les beaux arbres, on construit. Les "VIP" veulent aussi avoir leur "nid" aussi les promoteurs tentent d'arracher les îles sauvages.

Pourvu que les édiles Croates ne cèdent pas aux chants des sirènes sonnantes et trébuchantes.... On se bat à Hvar, à Korcula pour avoir des lopins de terre pour construire des palaces.

Heureusement les Parcs Nationaux protègent - je l'espère pour longtemps - quelques sites fabuleux.

Malgré le tourisme plus nombreux cette année, nous avons pu profiter des belles calanques.

J'ai eu des moments de grands bonheurs :

- la remontée dans le canyon de la rivière Krka,
- le spectacle grandiose des chutes d'eau en cascade sur plusieur étages de la rivière,
- Mljet, où j'ai apprécié le chant des oiseaux nichés dans les bois qui longent le lac et le silence du monastère que seul troublait le bêlement des chèvres,
- Ston et Dubrovnik où l'émotion est sans cesse renouvelée.

Puis les rencontres extraordinaires aux escales :

- Catherine et son accueil chaleureux à Vieste,
- Edouard sur Thallis III,
- et les copains que nous retrouvons, sans se donner rendez-vous, chaque année au gré des mouillages : Millénium, Harmonie, De Klomp, Ourania, Cristar et Doris.
Et les habitants Croates avec qui j'ai pu converser.

Oui! Calypso a gardé mon âme!

HVALA PRIATELJI U UBRZO !

vendredi 19 février 2010

10ème partie

EN ROUTE POUR DUBROVNIK

7heures. Nous larguons les amarres et repassons dans l'étroit chenal.

A sa sortie, à Broce, nous hissons les voiles. Le bateau respire et je sens la caresse du soleil sur ma joue.

Nous passons devant les îles de Galip et de Peljesac. Plus loin la belle calanque de SLANO où nous nous étions arrêtés l'an dernier. La petite ville a aussi souffert de la guerre et panse ses plaies, comme ses voisines.

Nous longeons les îles boisées de Lopud, Kolocep d'un côté. De l'autre, Trsteno où se trouve une réserve naturelle magnifique, formée à partir d'un parc de la demeure patricienne de style Gothico-Renaissance d'Ivan Gucetic-Gozza de Dubrovnik. En plus de la végétation méditerranéenne, on trouve des plantes subtropicales : cactus, eucalyptus et d'autres plantes exotiques.

Plus loin, Orasac et Zaton situées dans une très belle baie. Cette dernière localité est très prisée par les familles nobles et riches de Dubrovnik qui y firent bâtir leurs résidences d'été.

Le pont de Dubrovnik
apparaît, immense, majestueux. Il est situé à l'entrée de la baie, enjambe la rivière Dubrovacka dans le prolongement de la route Zagreb-Split.

Il a été construit en 2002 pour relier Dubrovnik aux autres villes, en prolongement de la route de Split.

DUBROVNIK a toujours été la seule région Croate indépendante, aussi bien des Habsbourg d'Autriche que des doges de Venise. Ville rebelle Dubrovnik ? L'ancienne RAGUSE a et occupe toujours une place majeure dans l'histoire et la culture de la Croatie.

Son histoire commence au temps des invasions du VIIème siècle. Des Slaves pauvres débarquent ainsi que des Avars barbares dans la cité voisine : Epidaure (Cavtat) où des riches marchands faisaient fortune. Ils quittent leur contrée et viennent s'installer sur un gros rocher escarpé, séparé de la terre ferme par un étroit canal naturel, Le Laus (lave)

Ils fondent un hameau : RAGUSA. Face à ce hameau, des Slaves fondent une colonie sur le lieu d'une chênaie (chêne en croate se dit Dubrava) DUBROVNIK est né.

Au XIème siècle, les 2 villages s'unissent et la ville porte le nom de RAGUSE, nom qui restera jusqu'en 1918. le chenal est comblé. Il est devenu aujourd'hui la principale artère piétonnière de la ville du nom de placa (Stradun)

RAGUSE est la ville la plus riche de Croatie. Elle commerce avec l'Asie, l'Afrique. Elle possède 200 navires qui transportent métaux, cuirs, sel, laine et épices. C'est l'âge d'or. Elle est l'équivalent de Florence pour sa culture.

Même si la ville dut reconnaître l'autorité de Byzance, elle renforça sa gestion autonome. C'est le temps des recteurs élus et de la démocratie. Elle est une république libre et indépendante.

"LA LIBERTE NE SE VEND PAS, MEME POUR TOUT L'OR DU MONDE"

Telle est la devise de la République. La ville eut des diplomates et consuls dans les cités du bassin méditerranéen.

En 1667, un violent séisme dévaste la ville, tuant la moitié de la population mais on restaure, on accroche le baroque au gothique existant. C'est un médecin Baglivi et un savant Baskovic qui ont donné ce que l'on peut admirer de nos jours.

A la fin du XVIIIème siècle, la France devient toute puissante sous le règne de Napoléon Bonaparte. Son armée brise la République de Venise et entre à Dubrovnik en 1806. Finie la république de Raguse. Lorsque les Français quittent la ville les Autrichiens qui gouvernent la Dalmatie récupèreront la ville. La langue Croate est adoptée dans la vie publique.

En 1991, elle subit de plein fouet, les horreurs de la guerre, par les forces Monténégrines postées au sommet du Mont Srd surplombant la ville mis elle se relève des bombardements.

Pendant 3 mois, elle endure le siège de l'armée Fédérale Yougoslave. Cette ville pourtant classée par l'UNESCO au Patrimoine mondial de l'humanité, va subir des ravages : plus de 200 jeunes tombés au combat, des civils torturés et internés dans les camps du Monténégro. Des obus frappèrent les églises, les palais furent touchés. Des maisons détruites. Des impacts de balles, nous en voyons encore aujourd'hui.

Cette cité s'est battue seule pour assurer son salut. Elle se relève courageusement.....

C'est émue que j'admire ce grand pont qui n'est pas loin de la frontière Bosniaque, et nous remontons la rivière.

Nous ignorons le grand port de Gruz pour aller nous amarrer plus loin dans une marina, qui nous parait plus sympathique. Elle est à 6 kilomètres du centre de la ville mais tout est à notre disposition : eau, électricité, douche, supermarché, change, piscine, shipchandlers, station service. Même un jeu de boules!!!!

Nous y arrivons à 12H30 et 2 jeunes croates viennent nous prendre les amarres.

Après nous être restaurés, nous prenons le car pour aller en ville. Il est bondé. On dirait que la France entière a envoyé ses habitants. Le car nous a laissé sur la place, face à la porte PILE qui est l’entrée principale de la ville. Au dessus de la porte, la statue de St Blaise, Patron de la ville qui surveille les visiteurs.

La porte passée, nous prenons un escalier pour visiter les remparts qui entourent la ville et profiter ainsi du magnifique spectacle.

Au loin les îles, d'abord Lokrum, superbement boisée. Une triste légende ne m'incite pas à la visiter. Puis les îles Elaphites que nous avons passées. Les montagnes au-dessus de la ville où grouillaient les ennemis. Il était si facile de mitrailler !

Nous sommes redescendus pour nous rendre sur l'artère principale de la ville, Placa (Stradum). Sur une petite esplanade se dresse la grande fontaine d'Onofrio construite en 1438 par le napolitain Onofrio Della Cave, avec qui la République de Dubrovnik avait passé contrat pour la reconstruction de l'acqueduc municipal. Cette fontaine desservait la zone Ouest de la ville.

La petite fontaine d'Onofrio à l'autre bout, desservait la partie Est.

Nous nous sommes arrêtés dans le Stradum, lieu de promenade préféré des habitants. C'est là qu'ont lieu les processions et toutes les festivités populaires.

C'est une belle rue, large, pavée. C'est sous elle que se trouvait jadis le bras de mer séparant l'îlot Laus de Dubrovnik. (Placa, en latin veut dire rue et Stradum, due aux Vénitiens, grande rue).

Les commerces de toutes sortes ont leur devanture. Nous avons flanné jusqu'au port avec les remparts, les forts. Il est -pour moi en tout cas - le plus beau du Monde...












9ème partie

EN ROUTE POUR STON

Les cigales se sont tues subitement. Le soleil qui se couchait, s'est camoufflé derrière des nuages noirs et le ciel s'est obscurci tout d'un coup.Le tonnerre s'est mis à gronder et une avalanche de pluies s'est abattue sur nous. Le soleil n'aura fait qu'une accalmie nous permettant de faire notre belle balade dans le parc national.
Des bateaux sont venus s'abriter du vent - enfin, essayer de mieux être abrités - car les rafales de vent descendant de la colline, balayaient le plan d'eau. Nous voyions les bateaux s'agiter sur leur chaîne et les équipages s'activer sur les ponts. Nous avons organisé des quarts de nuit car Fleur de sel, bien qu'amarrée et en sécurité, risquait de recevoir d'autres bateaux qui dérapaient sur leur chaîne.

A 3heures du matin, la pluie a enfin cessé, j'ai pu regagner ma couchette.

5Heures 30, mal réveillés, nous avons préféré larguer les amarres et nous diriger vers STON qui est un petit port situé dans la partie extrême orientale de la presqu'île de Peljesac.

Nous sortons donc de Polace et passons entre les îles toutes boisées qui émergent près de Mljet.

Nous passons sous voile, entre Jakland et Peljesac et remontons vers Broce pour embouquer le Stronski Kanal, long de plusieurs kilomètres, balisé et navigable que dans son centre. Un exercice de style pour glisser entre les bouées. Quelques maisons du XVème siècle apparaissent de temps en temps à travers les bois qui bordent le fjord.

STON s'appelait sous les Romains, STAGNUM et avait une importance stratégique. C'était, au Moyen Age, le centre de la région de Hum et un siège épiscopal. De cette période est restée la petite église St Michel (Sv Mihajlo)dans laquelle on peut voir des peintures murales. Hélas, plusieurs séismes et la guerre de 1991 ont rendus dangereux la visite de cette église que l'on essaie de restaurer.

En fait, le site est composé de 2 localités : Veliki Ston (le grand Ston) et Mali Ston (petit Ston), reliées et ceinturés par des murailles et renforcées par des forts.

Ston est connu pour ses marais salans et Mali Ston pour son ostréiculture.

Voici Fleur de Sel amarré le long du petit quai qui borde la route menant aux marais salants. C'est la même personne qui nous avait accueillis l'an dernier, qui vient nous prendre les amarres. Heureux de se reconnaitre nous avons discuté autour d'un verre.

Le petit bourg m'émeut et lorsque je regarde les murailles, je ne peux m'empêcher d'avoir devant les yeux, la séquence télévisée montrant un jeune garçon de Ston, tombant sous les balles tirées à bout portant alors qu'il défendait sa ville. Il ne sera pas le seul à tomber hélas, comme en témoigne ma visite au petit cimetière de Mali Ston.

Les ruelles sont pentues et bordées de jolies maisons villageoises qui ont beaucoup souffert de cette guerre. Elles sont en reconstruction. Les toits offerts par la ville de Toulouse couvrent les façades. Si l'extérieur est coquet, la porte poussée, nous n'apercevons qu'un sol en ciment.

Nous sommes allés en balade, jusqu'à MALI STON situé de l'autre côté de la péninsule, à 1km,100 de Ston. Nous avons suivi un chemin longeant la muraille et traversé un petit bois qui sentait bon la résine et les plantes.

En entrant dans Mali Ston, nous longeons le cimetière et je n'ai pu m'empecher d'aller le visiter. J'ai pu voir les tombes des jeunes gens qui sont morts, massacrés au combat. Les quelques familles qui restent dans le village ont toutes connu la perte d'êtres chers.

Je n'ai pas vu la ferme ostréicole mais des stands offraient des huitres à la vue des passants. Bien que gourmande de ces coquillages, leur aspect ne m'a pas inspiré. Je me suis bien gardée d'en faire l'acquisition.

La visite au cimetière m'a rendu morose et c'est mélancolique que je m'en suis revenue par le même chemin à travers bois, vers Ston.

Des coquillages, nous en avons ramassés sous les rochers qui bordent le petit quai. Je les ai fait cuire et accompagnés d'une sauce ont été excellents.

La nuit tombant, nous sommes retournés au village pour assiter à un concert qu'une troupe locale donnait.

Cela m'a permis de chasser mon spleen ! splendide l'orchestre et merveilleuse la voix du soliste!

Demain, Fleur de sel quittera le petit quai pour se rendre à " la perle de l'Adriatique" disait Lord Byron.......


jeudi 18 février 2010

8ème partie

EN ROUTE POUR MLJET.....


5H45, nous larguons les amarres. La mer est un lac. Pas un brin de vent, c'est donc au moteur que nous passons devant l'île de Badija que nous laissons sur notre babord. C'est l'heure où les enfants qui sont en colonie de vacances dans l'abbaye, dorment et ce n'est pas encore l'heure où les biches vues l'an dernier, viennent brouter l'herbe et boire l'eau de mer (comme à Garska sur Hvar)

A 8 heures, les voiles sont hissées, nous sommes au près serré, par un vent d'est de 16Noeuds.

Dans le canal de Mljet, nous avons pris un ris dans la grand voile et réduit le génois à l'avant.

Je vois au loin, une colonne grise nuageuse qui monte rejoindre les nuages. Il ne semble pas faire bon vers les îles de Lopud. Une tornade que j'ai vu se former. Heureusement, Mljet n'est pas loin et la baie de Polace sera pour nous un parfait abri.

MLJET

C'est la belle aux jolis lacs de saphir.

Elle est escarpée, pentue, sauvage, boisée. C'est l'île aux panoramas superbes, aux criques sauvages, aux eaux pures.

C'est une île pour enfant avec ses petits ports, ses petits villages où les maisons se promènent le long des chemins.

C'est une île oubliée de l'histoire mais une île d'aventure. C'est ici, qu'Ulysse aurait été séduit par la nymphe Calypso, ici que mouillaient les pirates Illyriens.

Pourtant malgré sa beauté, les rois de Bosnie n'en voulurent point et la vendirent aux moines lacustres et bénédictins qui érigèrent leur couvent sur un îlot au milieu d'un lac salé.

C'est un joyau, un diamant planté dans une émeraude elle même enchâssée dans le plus beau des saphirs.

C'est le parc national, espace pour la conservation des espèces comme les mangoustes qui mangent les vipères et les tortues caouannes qui se promènent.

C'est encore là que l'apôtre Saint Paul, le poête Oppien, l'empereur Auguste ont laissé des traces.

Par contre, Mljet a souffert de la guerre de 1991-1992 et a laissé quelques uns de ses enfants.

C'est dans la baie de POLACE que nous avons jeté l'ancre, au fond de la baie, et avons mis une amarre à terre, accrochée à un arbre. Ici, nous profitons du concert des cigales et l'eau est d'une limpidité sans pareille.

Des jeunes gens nous ont demandé de payer le mouillage et en contrepartie, nous ont donné des billets pour visiter le parc.
Ce que nous ferons cet après midi.

A 14h, nous allons avec l'annexe au village. Un mini car nous conduit par une petite route sinueuse à travers la forêt, au grand lac.

A travers les pins d'Alep centenaires, nous apercevons le splendide lac (Veliko jezero). Au loin, émerge l'îlot Sveta Marija où s'élève le couvent bénédictin Ste Marie. Couvent du XIIème siècle.

Les eaux du grand lac communiquent à un petit lac. Leurs eaux sont salées. Les lacs sont entourés de collines dont les pins et les chênes descendent jusqu'à la mer.

Nous descendons par des escaliers de bois, sur la grêve et embarquons sur le bateau qui nous mènera sur l'île pour visiter l'abbaye. La promenade sur le lac est relaxante.

Heureusement il n'y a pas foule et nous pouvons visiter l'église du couvent, tranquillement.

Elle est du style roman, avec une nef avec narthex.

Le silence de la mer, l'ombre des pins étaient propices aux travaux scientifiques et artistiques auxquels se livraient les moines.

Nous parcourons les salles sombres et sommes surpris par l'éblouissante lumière du soleil quand nous sortons.

Nous avons fait le tour de l'îlot par un chemin fleurant bon l'odeur de résine. De magnifiques fleurs aux multiples couleurs exhalent leur odeur en un mélange délicat. Le chant des oiseaux nous accompagne.

C'est un moment magique et tant de splendeurs en font un lieu unique.

Derrière l'abbaye se trouvent un potager et quelques vignes. Les tomates sont toutes sèches. Dans un petit enclos, 2 chèvres attachées, bêlent. Elles voudraient que nous les détachions et l'une d'elles tire sur sa longe. Nous restons un moment à les observer, mais leur voix trouble le silence de la nature. Pour ne pas plus les agitrer, nous poursuivons donc notre promenade.

Sur une terrasse en surplomb, une colonne de granit s'élève. Elle daterait de l'antiquité.

Le bateau nous ramène au rivage. Je reste imprégnée de la beauté paisible de ce site et je comprends que Calypso avait tous les atouts pour captiver Ulysse.

Nous avons boudé le car pour descendre à pieds au village. Nous contemplons à travers les arbres, la baie de Polace et regardons notre Fleur de Sel délaissée.

Nous avons fini la soirée en regardant le soleil décliner et s'éteindre le chant des cigales....

7ème étape

Fleur de sel emprunte le canal de KORCULA entre les montagnes de Peljesac et les hauteurs de l'île de Korcula. Un vent descend du versant de Peljesac (vent catabatique) et crée un rabattant. La mer est courte, dure. Ce n'est pas agréable mais Korcula n'est pas loin. Nous en apercevons les remparts que nous contournons pour rentrer dans une marina. Des bateaux amarrés devant la digue, sont secoués, j'ai l'impression que l'abri sera précaire, mais en entrant dans le port, la place octroyée est bien abritée. KORCULA

L'île de Korcula compte parmi les plus étendues de la côte Croate 276Km2. Son nom vient de Corcyra Melaina(la noire Korcula) d'après la couleur noire de l'île qui est recouverte de forêts de pins et de chênes verts. Il y a plusieurs sites archéologiques sur l'île. On a retrouvé ainsi les traces des civilisations illyriennes, Grecque, Romaine et comme ses soeurs, elle a connu les mêmes occupants. Le climat est agréable et favorise ainsi l'agriculture (vignobles, oliveraies, cultures maraîchères) la pêche et le tourisme bien sûr.

A notre réveil, nous partons visiter la ville qui est composée : - de l'ancienne cité sur la presqu'île, entourée de remparts, - d'une partie moderne qui se développe autour de la mer, à l'est et à l'ouest de l'ancienne cité. Dans l'ancienne cité, les rues sont étroites, sa cathédrale se dresse au centre de la ville et l'hôtel de ville sont des splendeurs comme ses demeures praticiennes et ses tours fortifiées. L'âme du poête Petar Kanavelic et celle de Marco Polo errent sur la ville. Notre promenade nous mène tout d'abord sur le port où sont amarrés des vieux gréements. Nous regardons partir un grand ferry après 45 minutes de manoeuvre. Nous avons emprunté des escaliers magnifiquement sculptés et sommes tombés sur la place de la cathédrale St Marc, édifiée au XVème siècle. Son campanile fut en partie l'oeuvre d'un enfant du pays : Nikola Andrijic. Nous admirons à côté, le palais de l'abbé, de style renaissance et baroque. Ensuite l'église St Pierre. Pour aller voir la maison de Marco Polo, nous avons suivi des rues étroites et sombres. Tout à côté, c'est le palais Gabriellis qui abrite le musée de la ville. Après avoir traversé la tour Veliki Revelin et admiré le panorama du haut de son rempart, nous sommes allés sur la place municipale où se trouvent l'Hôtel de ville, un arc de triomphe élevé à la gloire du général vénitien Léonardo Foscolo, l'église St Michel et une colonne libre orné d'un lion vénitien. Une colonne de pierre porte une inscription latine datant de 1592 consacrée au héros de Troie, Antenor, légendaire fondateur de Korcula. Nous descendons les grands escaliers néo baroque, en bordure desquels 2 obélisques commémorent les Recteurs qui gouvernèrent la ville. Au bas des escaliers, une grande place où sont installés des marchands forains. Plus loin, un peintre exposait ses toiles que j'ai admirées. Installés à une terrasse d'un café, nous avons assisté à un spectacle de danse. La Moreska est une danse avec sabre, exécutée par 2 groupes d'hommes, les "Moreskanti", dirigés par leurs rois. Ils se battent pour une jeune fille que le roi noir a ravie au roi blanc, et c'est le roi blanc qui gagne. En fait, cette danse symbolise le combat entre les chrétiens et les musulmans, rappelant une bataille navale contre les Sarrasins. Cette danse est bien menée mais le visage des danseurs montre une certaine agressivité. Nous avions perdu l'habitude de la foule et c'est en se faufilant au milieu d'elle que nous avons regagné le bateau où nous avons pu savourer sa paix en regardant la lune monter dans le ciel et briller les étoiles.


mercredi 17 février 2010

6ème partie

Aux aurores, nous avons levé l'ancre après avoir passé une nuit secoués.

Nous avons poursuivi notre route :

- SPLIT
avec le Palais Dioclétien
- BRAC, de nouveau, où nous avons pu jeter la pioche dans une calanque divine
Lucice, où les eaux sont si turquoise! Je l'ai quittée à regret.

L 'eau était un miroir quand nous avons traversé le canal de Hvar, passé entre Palmizano et Hvar pour aller sur SCEDRO.

Arrivés au phare de Hvar, le vent de 4 Noeuds passe à 28 noeuds et la mer devient houleuse, de force 4. Nous avons réduit la toile. Le vent passe dans notre nez et n'avons pas envie de tirer des bords, donc le génois est enroulé et nous remettons le moteur en marche.

De lourds nuages gris ont fait leur apparition. Naviguer dans la grisaille n'est pas agréable. Un voilier, la mer et le soleil, c'est le rêve! le ciel gris, la pluie ne devraient pas exister en vacances !

Une heure après le soleil réapparaît et le vent baisse, 16 Noeuds et la mer baisse aussi, mais cela ne dure pas. Le vent remonte quand les nuages et la pluie reviennent.

A l'approche de l'île, tout se calme un peu.

A 9H30, nous entrons dans la calanque de MANASTIR.

2 voiliers français sont déja là. Jef va mettre un bout à terre pendant que je lache un peu l'ancre devant, pour faire culer le bateau.

Les pins viennent tremper leurs racines dans l'eau limpide. Au fond de la baie, une ferme fait office de restaurant.

Dans cette baie, c'est le paradis des oursins. Je suis allée en cueillir pour notre repas de midi. Enfin, on prévoit puis il y a des surprises!

Venant de l'entrée de la calanque, j'entends des chants Croates. C'est une klapa. Il y a 7 hommes dans une barque qui chantent à capella. Ils nous saluent quand ils passent devant le bateau. Ils sont habillés en costume local : bas blancs, bermudas noirs, chemises blanches ceinturées de rouge. Un boléro noir complèe la tenue.

Ils vont s'amarrer devant le restaurant.

Une dame vient nous chercher pour voir le spectacle. Du coup, nos oursins seront pour le repas du soir.

Nous sommes accueillis d'une façon grandiose. Les chanteurs sont devant nous. J'écoute ces voix, ténor et basse se succèdent qui traduisent l'âme slave. Des chants rythmés, allègres, gais. Ce sont les chants de la Côte Croate. Les chants des régions intérieures, sont plus lents, une sorte de lamento corse.

On nous a apporté du vin rouge de la propriété. Comme il est excellent, j'en profite pour passer une commande.

Le propriétaire des lieux a sorti une tambura, c'est une sorte de violon de forme ovoïde, sans archet.

Nous sommes donc restés à déjeuner pour profiter du spectacle. Vers 17 heures, nous avons suivi leur bateau et ces hommes ont continué à chanter juqu'à la sortie de la calanque! J'apprendrai par le propriétaire que c'était la Klapa Iskon. C'est le choeur le plus important de la Croatie dont Marho Pecotic est le ténor le plus célèbre de la côte.

Le repas était excellent, le vin, le dessert et les liqueurs offerts, nous a couté 7€ par personne. J'ai emporté 6 bouteilles de ce bon vin que je compte ramener à Marseille, enfin, je l'espère en tout cas.

Quand je suis allée dormir, j'avais encore dans la tête, cette musique joyeuse!

A 4heures du matin, ce n'était pas la musique que j'entendais, mais le vent qui soufflait en raffales. La mer venait frapper contre la coque ce qui nous a réveillé. Le vent de nord-est, la bora, s'est invitée sans prévenir.

Rapidement habillé, Jef est allé à terre défaire les amarres pendant que je maintenais à la barre, le bateau. L'ancre rapidement relevée nous avons fait des ronds dans l'eau pour réveiller l'équipage des bateaux et avons attendu, à la sortie de la calanque, qu'ils sortent à leur tour.

Le ciel était pommelé, le jour avait du mal à percer, les nuages noirs et gris faisaient barrage.

Nous avons pris la route de KORCULA...



mardi 16 février 2010

5ème partie

5 heures, nous larguons les
amarres et empruntons pour la dernière fois, cette belle chevelure de la Krka, fée légendaire du massif de la Dinara.

La ville de Sibénik, avec le jour qui pointe, apparaît comme une ville de carte postale russe.

Après l'île de Zlarin, le petit vent nous permet de hisser le spi. Le moteur est arrêté et je veille.

Nous croisons de temps en temps quelques voiliers, mais cela est rare. Il est trop tôt ! la mer semble m'appartenir.

Primosten, Rogoznica sont dépassées. Le spi est affalé, le petit vent ayant tourné.

Nous avons projeté d'aller ramasser des moules dans la baie de Razetinovac. En longeant l'île de Ciovo, je suis désolée de voir que l'on a abattu une partie des beaux arbres qui peuplaient l'île, pour construire un lotissement de villas. La Croatie deviendrait elle une seconde Ibiza ?

A 11H30, l'ancre est jetée dans l'eau bleue de la calanque et je pars à la recherche de "mon" rocher qui, l'an dernier, était plein de moules. Il est toujours là et les moules également ! la cueillette finie, j'ai regagné le bateau sous le regard envieux des navigateurs voisins.

Nous attendons que la chaleur se fasse moins ardente pour aller visiter TROGIR.
N'ayant pas eu de place à la marina, Jef reste à bord pour surveiller le bateau.

En canot, je pars donc visiter ce petit bijou qu'est la ville de TROGIR.

Un peu d'histoire.....

L'ancienne cité se trouve sur un îlot entre Ciovo et le continent. Elle est inscrite dans le registre de l'UNESCO au patrimoine culturel mondial.

Crée par les Isséens (Grecs d'une île voisine)au IIIème siècle, elle fut occupée par les Romains puis passa sous la juridiction de Byzance. Elles fut envahie par les Avars et les Slaves au début du VIIème et grâce au paiement d'un "tribut de la paix", la cite conserva de bons rapports de voisinages avec les Croates. En 1105, Trogir fait partie du royaume de Hongrie et de Croatie.

Ensuite, de 1420 à 1797, elle passe sous la domination de Venise et de grands changements interviennent dans la vie de la cité : rénovation des remparts et ajout des 2 forteresses Kastel et Kamerlengo ainsi que la tour St Marc.

Au XIX ème, la ville stagne. Son taux démographique baisse et ne parvient pas à s'intégrer au processus d'industrialisation naissant.

J'ai laissé le canot amarré au quai. La porte de Terre Ferme au-dessus de laquelle veille le Patron de la cité : St Jean, me permet d'accéder à l'intérieur de la ville.

Seule, je peux admirer à mon aise, le palais Garagnin-Fanfogna qui abrite le musée de la ville, la Cathédrale S. Laurent qui est une anthologie des styles architecturaux. De nombreux peintre l'ont prise comme modèle : Radovan, Nicolas le Florentin, André Alessio et bien d'autres.

Sur la place principale, se dressent des stands présentant des broderies : nappes, serviettes, draps. C'est l'occasion de discuter avec la population. Plus loin, des fillettes avec leur mère, je suppose, vendent des bouteilles de liqueur. Dans ces bouteilles en plastique qui étaient avant de l'eau minérale, trempent des herbes dans de l'eau de vie! J'en ai gôuté.... bon, c'est très fort et sucrée. J'en achète une pour leur faire plaisir. Par contre, le vin présenté aussi dans des bouteilles en plastique, ne m'a pas attiré!!! Le soleil qui frappe encore, ne doit pas arranger la conservation.

J'ai continué ma visite par l'église S. Sébastien, l'Hotel de Ville et la Loge Municipale.

Dans les rues étroites, la porte ouverte des habitations laissent entrevoir l'intérieur : sol en ciment, la cuisinière touche presque la table et tout près j'aperçois un lit. Les murs ont été retapés, les toits refaits mais l'intérieur ne laisse pasimaginer le luxe.

Le temps passe et il faudrait plusieurs jours pour tout visiter. C'est en courant presque, que je regagne le canot.

Mes yeux n'ont pas été assez grands pour voir ces peintureset les oeuvres des enfants de la ville : Augustin Kazotic : le scientifique-pêcheur, Ivan Lucic Lucius, le père de l'historiographie croate et le peintre Trogiranin.

Fleur de sel s'agite sur son ancre. Pendant mon absence, un clapot s'est levé et la montée sur la jupe du bateau est un exercice d'acrobatie pour éviter de tomber à la mer.

J'avais la tête pleine de rêve mais la mer m'a vite rappelée à la réalité....