mercredi 24 mars 2010

Balade à STRASBOURG

Nous voilà débarquées, pour une fois d'un train, ma copine Michèle et moi.

Le soleil était là se frayant un chemin au milieu des nuages gris.

La chaleur était là aussi. Et sur les conseils de la famille et des amis, je m’étais couverte, trop couverte bien sûr!

Après avoir déposé nos bagages à l’Hôtel Kyriad - hôtel à recommander pour leur accueil, nous sommes parties visiter la ville et ses marchés de Noël.

STRASBOURG? C'est la capitale Noël.

La tradition remonte au moyen âge. Le marché était établi au pied de la Cathédrale. Des artisans potiers, serruriers, tourneurs sur bois y exerçaient leur talent.

Au XVème siècle, la réforme protestante faillit le supprimer mais il survécut se contentant de changer de nom. De Saint Nicolas au départ il devint "Christkindelsmärik" foire de l'Enfant Jésus. Réminiscence de la Sainte Lucie des pays Scandinaves ? En Alsace, l'enfant jésus est représenté par une jeune fille vêtue de blanc. Sous cette dénomination le marché prospéra.

Au XVIIIème siècle, il devint cosmopolite : la truffe du Périgord cotoyait la pipe d'écume de Bavière.

En 1830, il s'établit place Kléber. Aux pittoresques échoppes médiévales avaient succédé des étalages au cordeau "semblables aux maisons d'une ville fortifiée par Vauban".

En 1870 enfin, il rejoignit son emplacement actuel sur la place de Broglie. Il était alors consacré entièrement à la préparation de la fête de Noël : ornement du sapin et les cadeaux à déposer à ses pieds.

Actuellement, de nombreux artisans sont venus de toute la France et du monde entier exposer leur travail.

Depuis la place Broglie, le marché a essaimé ses stands au pied de la Cathédrale, renouant ainsi la tradition médiévale.

Il faut dire que la ville fournit un gros effort en matière d'animation. Avec Paris, c'est la municipalité qui dépense le plus pour cela mais, comme nous l'a dit un habitant, le marché suffit à compenser les dépenses et pour les décorations féériques, la ville n'emploie que des leds ce qui diminue la consommation en électricité.

Oui la ville resplendit par ses guirlandes. Une vraie féérie de couleurs.



Les rives de l’Ill m’ont étonnée. Je ne connaissais pas Strasbourg
, je n’avais regardé que le plan fourni par un ami. Je suis restée ébahie de voir la beauté des paysages.

Elle mérite bien la comparaison avec Venise.

Le centre ville est entouré par les bras de l’Ill et les maisons à colombages qui bordent les rives sont splendides.

Je pense au Corbusier qui a dit qu’à Strasbourg, « l’œil ne s’ennuyait jamais » c’est exact et j’en ai pris plein les yeux.

Nous avons emprunté la rue de 22 Novembre, pour nous rendre à la place Kléber. Rue du 22 Novembre ? Pourquoi le 22 Novembre ?, je suis très curieuse. Je me suis donc renseignée.

« Ecrasement du soviet de Strasbourg « me répond-t-on ! Cela ne me satisfait pas et je pars aux renseignements. On me dit aussi « libération de Strasbourg le 22 novembre 1944 » alors est-ce la rue du 22 novembre 1918 ou le 22 novembre 1944 ?

L’énigme paraît être résolue. Les troupes du général Leclerc étant entrées à Strasbourg le 23 Novembre, donc cela ne pouvait pas être en 1944.

22 novembre 1918 : je lis donc : libération de Strasbourg par l’armée française mais pas de l’armée allemande! Les troupes françaises avaient mis fin à un soviet de soldats, d’ouvriers, de paysans!!!!!!

A la fin du mois d’octobre de cette année-là, l’Allemagne perd la guerre, mais des généraux veulent tenter une attaque en prenant appui sur la flotte de guerre. La troupe refuse. Pendant ce temps, à Kiel les marins se mutinent et se constituent en soviet. Les syndicats ouvriers les rejoignent ainsi que des insurgés. Drapeaux rouges en tête, ils se rendent dans les villes voisines pour gagner les habitants à leur cause.

Quinze mille Alsaciens et Lorrains sont alors incorporés dans la Kriegsmarine et participent à ces évènements. Ces deux provinces souffrant de disette font des mécontents.

Le 8 novembre, la population de Strasbourg apprend la proclamation des conseils de Bavière. Le lendemain, des milliers de manifestants envahissent la place Kléber pour acclamer les premiers détachements de marins arrivés du nord de l’Allemagne.

Blocage du pont de Khiel, un soldat est abattu. La bourgeoisie allemande de Strasbourg fait appel aux troupes françaises afin de mettre un terme aux troubles. Un slogan court les quartiers bourgeois : « plutôt Français que rouges! »

Les marins révolutionnaires alsaciens se forment en conseil de soldats de Strasbourg et exigent du gouverneur Von Rohden, la libération des détenus, la liberté de presse et d’expression, la levée de la censure sur le courrier, le droit de manifester.

Les prisons ouvrent leurs portes, les Conseils se rendent maîtres des bâtiments publics et toutes les marques d’autorité comme les insignes, les grades sont supprimées. Les drapeaux rouges flottent y compris sur la flêche de la Cathédrale.

Rebholz, secrétaire du syndicat des ouvriers brasseurs, annonce l’abdication de Guillaume II à Berlin et proclame l’avènement d’un pouvoir populaire. Des commissions organisent la vie quotidienne. Des grèves éclatent comme celle des cheminots.

Le dirigeant social-démocrate strasbourgeois Jacques Peirotes fait appel au quartier général français et demande aux généraux de « hater leur entrée dans la ville, la domination des rouges menaçant de prendre une fin tragique ». L’entrée était prévue le 25, mais les troupes marchent sans relache et pénètrent le 22 Novembre 1918.

Le Conseil des ouvriers et soldats déclare qu’il « a rempli sa mission, même si, compte tenu des circonstances, il n’a pu réaliser son idéal politique ». Il décide de remettre l’autorité militaire entre les mains du commandant français Gouraud.

Le 22 novembre, le premier acte symbolique de l’armée française sera d’occuper le Palais de justice où siègeait le « Soviet de Strasbourg ». La troupe s’empare des usines, les décrets sociaux sont annulés, les salaires ramenés au niveau de septembre 1918. Les agitateurs sont expulsés. Les sous-préfets seront choisis parmi les officiers.



...De la rue du 22 Novembre, nous allons à la place Kléber.

Des effluves de canelle du vin chaud nous parviennent.Plus loin, des flonflons de musique russe nous attirent et nous regardons intéressées les danses de ce pays.

Des stands présentent des santons de la crêche, des guirlandes, des bougies.

Sur une autre place, Broglie, où se trouve l'opéra, des stands offrent des spécialités locales : maennele de St Nicolas, brioche en forme de bonhomme ou d'animaux, des stolles, du pain du pain d'épice, du foie gras, des bretzels salés ou sucrés.

J'ai photographié des Italiens arborant des coiffures en forme de cigogne. Bon! cela fait vendre !

De là, nous sommes allées voir la place de la République. Superbe cette place ! ses jardins sont dessinés au cordeau. Elle servait de jonction entre la vieille ville enserrée par l'Ill et la nouvelle.

Des bâtiments l'entourent dont :

- la Bibliothèque Nationale,
- le Théatre National
- le Palais du Rhin en grès jaune construit pour l'empereur Guillaume ler mais il ne put y séjourner. Il mourut en 1888 juste au moment où l'on terminait les travaux
- Au centre de la place, le Monument aux Morts qui représente une mère et ses 2 fils : l'un mort pour la France, l'autre pour l'Allemagne.

Plus qu'ailleurs, le style néo-renaissance des maisons nous rappelle qu'en 1870 Strasbourg était la capitale du Reichsland d'Alsace-Lorraine et qu'elle se devait de donner l'exemple

Nous avons retraversé l'Ill pour aller à la Cathédrale.

La CATHEDRALE Merveilleuse !

Commencée à la fin du XIIème siècle, elle ne fut achevée qu'en 1439 et ne reçut sa dernière adjonction qu'au début du XVIème. Pendant 3 siècles se sont succédés plusieurs artistes venus tantôt de l'ouest en ce qui concerne les oeuvres de premier plan : architecture, sculpture, vitrail et de l'orient.

- La lère mention remonte au VIIIème siècle. Après l'incendie d'un édifice Carolingien, l'évêque Wernher entreprit d'élever en 1015, une nouvelle cathédrale.

- Vers 1190, on commence la reconstruction des parties orientales : chœur et transept dans un style roman tardif. En 1225, un maître venu d'ile de France acheva le bras sud du transept en style gothique d'inspiration chartraine

- Un autre maître, vers 1245 entreprit la construction de la nef.

- La façade allait demander plus d'un siècle et demi marqué par des changements de maîtres, d'influences et de partis, jusqu'à son achèvement en 1439.

- Après cette date, l'édifice ne reçut que quelques adjonctions gothiques. Dans les années 1340, celle de la Chapelle Ste Catherine et celles de la sacristie et de la chapelle St Laurent, eurent lieu vers 1500.

- En 1521, alors que s'achevait la chapelle St Laurent, la Réforme s'installait à Strasbourg. La cathédrale dépouillée du riche mobilier accumulé au cours des siècles fut adaptée au nouveau culte. Elle fut restituée en 1681 par Louis XIV aux catholiques.

- En 1793, le fanatisme révolutionnaire abattit plus de 200 sculptures. Mais les strasbourgeois réussirent à sauver les plus importantes.

- Avec le XIXème siècle commença l'ère des restaurations qui dure encore mais cette année, pas d'échafaudage.

J'aime la façade occidentale. l'architecture est due à la succession de plusieurs projets conçus sur le modèle des cathédrales françaises à deux tours.

Le décor sculpté des parties hautes, refait au XIXème, comporte sur les contreforts 12 statues équestres de rois et d'empereurs, au-dessus de la rose, les apôtres assistant à l'Ascension du Christ et sur le beffroi, le jugement dernier.

Le portail sud représente la parabole des Vierges sages et des Vierges folles.

Le portail central montre dans le tympan, la Passion du Christ

Le portail Nord, les figures des Vertus viennent triompher des Vices qu'elles foulent aux pieds et transpercent de leur lance.

La face nord représente la même composition que celle sud.

Le portail St Laurent est surmonté d'un baldaquin sous lequel est représenté le martyre du Saint.

J'ai admiré les vitraux sans pareils, et suis venue m'extasier devant l'horloge astronomique dont je raconterais la légende.

Nous avons attendu l'heure où l'on pouvait voir sortir les personnages qui marquaient les heures, les minutes, les secondes. Superbe ! l'homme à travers le âges : chérubin, adulte et vieillard passant devant la mort.

Nous reviendrons demain matin car à elle seule, elle mérite une matinée de visite.

Après l'avoir quittée, nous avons pris la direction de la Petite France. Un joli nom pour cacher un hôpital où l'on soignait le "mal français", autrement dit la syphilis qui fut propagée par les soldats de François ler.

L'hôpital a disparu, il ne subsiste que le nom du quartier qui abrite le quartier des tanneurs.

Nous avons pris la rue des Dentelles, la place Benjamin Zix ombragée, avec la maison des tanneurs qui était le siège de la corporation J'ai regardé sur le pont couler l'Ill.

Il était temps pour nous de rentrer à l'hôtel pour réparer les méfaits de la nuit passée dans le train, nous apprêter pour repartir dîner dans un restaurant qu'un ami nous avait recommandé.

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